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6. Histoire du lexème
6.1. Histoire au cours de la latinité. Evolution des emplois
Le sens ancien « pour la seconde fois » se maintient durant toute la latinité. À côté de ce sens ancien d’autres valeurs se développent en latin classique et post-classique, qu’iterum partage avec les autres adverbes latins de répétition, denuo et rursus (cf. § 5.4. ) :
la valeur itérative, obtenue par réduplication :
- Verg. Aen. 2, 270 : Creusam nequiquam ingeminans iterumque iterumque uocaui ;
en union avec des adverbes de fréquence:
- Cic. Manil. 30 : iterum et saepius ;
- Caes. Gall. 1, 31, 6 : cum his Haeduos eorumque clientes semel atque iterum armis contendisse;
la valeur restitutive :
- Tert. Adv. Marc. 5, 9 p. 602, 4 : Resurgere autem non est nisi eius, quod cecidit ; iterum enim surgendo, quia cecidit, resurgere.
Cette valeur est soulignée par la co-présence du préverbe re- :
- Sen. Dial. 10, 8, 5 : nemo restituet annos, nemo iterum te tibi reddet ;
souvent en union avec des prédicats de sens opposé :
- Sen. Ep. 30,11 : quidquid resoluit, componit iterum
Chez certains auteurs d’époque impériale ou tardive, il peut aussi fonctionner comme une « quasi-conjonction » :
avec une valeur copulative au sens de dein, postea :
- Plin. Nat. 7, 94 : captis apud Pharsaliam Pompei Magni scriniis epistularum iterumque apud Thapsum Scipionis ;
avec une valeur additive ou élative, comme etiam, immo etiam:
- Plin. Nat. 29, 16 : ideo templum Aesculapii, etiam cum reciperetur is deus, extra urbem fecisse iterum que in insula traduntur.
- Iren. 5, 10, 2 : Et iterum ait : Vos autem non estis in carne, sed in Spiritu, siquidem Spiritus Dei habitat in uobis.
avec une valeur quasi adversative :
- Iren. 5, 7, 2 : Quid enim ignobilius carne mortua ? Vel quid iterum gloriosius surgente ea et percipiente incorruptelam ?
- Ambr. In psalm. 43,56 : Iudaei autem nec intellegebant nec iterum discere non intellecta cupiebant.
- Cassiod. Var. 12,15,28 nubilo tristes efficimur et iterum naturaliter ad serena gaudemus.
6.2. Etymologie et origine
L’adverbeiterum est constitué par l’assemblage de plusieurs éléments morphologiques hérités. Il est formé sur le thème pronominal i- (*ey- / *i-) de l’endophorique latin productif (anaphorique, cataphorique, corrélatif du relatif en anaphore ou en cataphore) : is (ea, id).
Ce dernier est suivi du suffixe thématique *-tero-, employé comme morphème de comparatif dans certaines langues indo-européennes anciennes (sanskrit, grec, etc.) et comme morphème d’opposition à deux termes en latin (cf. §5.1. ). Ce suffixe *-tero- a un allomorphe en *-ero- (dans quelques termes latins ; cf. aussi ci-dessous la forme du v.-sl.).
L’adjectif latin reconstruit en *-tero- dont l’adverbe iterum pourrait représenter un figement (cf. § 5.1. ) a un correspondant exact en sanskrit dans : sk. ítaraḥ « autre (de deux) », formé sur un thème pronominal *i- suivi du suffixe sk. -tara-, servant de morphème de comparatif dans cette langue et issu de i.-e. *-tero-. On peut également rapprocher l’adverbe iterum de formes bâties sur le thème pronominal i.-e. *e/o-, comme ombr. etram-a « ad alteram », av. atārō « celui-ci (de deux) » (corrélatif de av. yatārō « lequel (de deux) »), v.-sl. jeterǔ « un » (qui a perdu son sens oppositif ancien du fait que le suffixe *-ero- n’était plus productif en slave).
La forme latine iterum pourrait résulter du figement et de la lexicalisation à l’accusatif neutre sg. de l’adjectif de flexion thématique en *i-tero-, même si cet adjectif reconstruit n’est pas attesté en latin.
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