Le sens ancien « pour la seconde fois » se maintient durant toute la latinité. À côté de ce sens ancien d’autres valeurs se développent en latin classique et post-classique, qu’iterum partage avec les autres adverbes latins de répétition, //denuo// et //rursus// (cf. § 5.4.) :
la valeur itérative,
obtenue par réduplication :
Verg. Aen. 2, 270 : Creusam nequiquam ingeminans iterumque iterumque uocaui ;
en union avec des adverbes
de fréquence:
Cic. Manil. 30 : iterum et saepius ;
Caes. Gall. 1, 31, 6 : cum his Haeduos eorumque clientes semel atque
iterum
armis contendisse;
-la valeur restitutive :
Tert. Adv. Marc. 5, 9 p. 602, 4 : Resurgere autem non est nisi eius, quod cecidit ;
iterum
enim surgendo, quia cecidit, resurgere.
Cette valeur est soulignée par la co-présence du préverbe re- :
Sen. Dial. 10, 8, 5 : nemo restituet annos, nemo iterum te tibi reddet ;
souvent en union avec des prédicats de sens opposé :
Sen. Ep. 30,11 : quidquid resoluit, componit iterum
Chez certains auteurs d’époque impériale ou tardive, il peut aussi fonctionner comme une « quasi-conjonction » :
-avec une valeur copulative au sens de dein, postea :
Plin. Nat. 7, 94 : captis apud Pharsaliam Pompei Magni scriniis epistularum iterumque apud Thapsum Scipionis ;
-avec une valeur additive ou élative, comme etiam, immo etiam:
Plin. Nat. 29, 16 : ideo templum Aesculapii, etiam cum reciperetur is deus, extra urbem fecisse
iterum
que in insula traduntur.
Iren. 5, 10, 2 : Et
iterum
ait : Vos autem non estis in carne, sed in Spiritu, siquidem Spiritus Dei habitat in uobis.
-avec une valeur quasi adversative :
Iren. 5, 7, 2 : Quid enim ignobilius carne mortua ?
Vel quid
iterum
gloriosius surgente ea et percipiente incorruptelam ?
Ambr. In psalm. 43,56 : Iudaei autem nec intellegebant nec
iterum
discere non intellecta cupiebant.
Cassiod. Var. 12,15,28 nubilo tristes efficimur et
iterum
naturaliter ad serena gaudemus.
L’adverbeiterum est constitué par l’assemblage de plusieurs éléments morphologiques hérités.
Il est formé sur le thème pronominal i- (*ey- / *i-) de l’endophorique latin productif (anaphorique, cataphorique, corrélatif du relatif en anaphore ou en cataphore) : is (ea, id).
Ce dernier est suivi du suffixe thématique *-tero-, employé comme morphème de comparatif dans certaines langues indo-européennes anciennes (sanskrit, grec, etc.) et comme morphème d’opposition à deux termes en latin (cf. §5.1.). Ce suffixe *-tero- a un allomorphe en *-ero- (dans quelques termes latins ; cf. aussi ci-dessous la forme du v.-sl.).
L’adjectif latin reconstruit en *-tero- dont l’adverbe iterum pourrait représenter un figement (cf. § 5.1.) a un correspondant exact en sanskrit dans : sk. ítaraḥ « autre (de deux) », formé sur un thème pronominal *i- suivi du suffixe sk. -tara-, servant de morphème de comparatif dans cette langue et
issu de i.-e. *-tero-.
On peut également rapprocher l’adverbe iterum de formes bâties sur le thème pronominal i.-e. *e/o-, comme ombr. etram-a « ad alteram », av. atārō « celui-ci (de deux) » (corrélatif de av. yatārō « lequel (de deux) »), v.-sl. jeterǔ « un » (qui a perdu son sens oppositif ancien du fait que le suffixe *-ero- n’était plus productif en slave).
La forme latine iterum pourrait résulter du figement et de la lexicalisation à l’accusatif neutre sg. de l’adjectif de flexion thématique en *i-tero-, même si cet adjectif reconstruit n’est pas attesté en latin.
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